samedi 3 décembre 2011

Retour sur le voyage au Qatar


Élus de la diversité : retour sur le voyage au Qatar.

L’objet de ce texte est de présenter un résumé de notre séjour au Qatar où, selon la presse locale, nous avons été reçus comme des chefs d’État. Je vais tâcher de mettre en évidence les points forts de ce voyage, dont l’objectif était de jeter les bases d’un partenariat privilégié entre les jeunes des quartiers populaires et cet émirat à l’avenir prometteur.

En effet, force est de constater le peu d’intérêt que la France porte à cette jeunesse victime d’une discrimination systémique et territoriale et dont la promotion sociale et économique est bloquée par des pesanteurs d’un autre âge.

Carnet de voyage
Samedi 12 novembre. Découverte, avec l’ensemble du groupe de l’article du Parisien. Très bonne analyse en dehors du titre un peu cliché « Nous allons vendre la banlieue au Qatar ».
Notre séjour a fait l’objet d’une couverture médiatique dès notre départ à l’aéroport (RMC, etc.). La prise en charge du séjour s’est faite dans des dispositions optimales.
Décollage pour Doha. Échange dans l’avion avec Djamel Bouras sur la France et l’échec patent de son modèle républicain. Là encore, le constat est partagé : Marianne, incapable de sortir de ses peurs et prisonnière de ses fantasmes, a trop de mal à garder en son sein les éléments riches d’une jeunesse qu’elle a pourtant formée à l’école républicaine. Le modèle républicain est en panne et l’ascenseur social ne fonctionne plus. Pour sortir de ce marasme, l’ouverture vers l’étranger est une piste, mais il faut également réformer la France en profondeur. Un renouvellement de la classe politique, entre autres, s’impose de sorte à disposer d’une France qui soit à l’image de sa population. Il est quand même déplorable de devoir trouver à l’étranger la reconnaissance qui fait tant défaut à l’élite française, qui, de faux débats en polémiques stériles, ne fait qu’aggraver la fracture avec sa jeunesse !
À notre arrivée à Doha, nous avons été reçus avec les honneurs. La chaleur se mesurait non pas uniquement dans le thermomètre et le gigantisme des buildings, mais davantage à l’humilité et à la qualité de nos hôtes.

Dimanche 13. Visite du musée des Arts islamiques édifié à l’aide de pierres importées de Bourgogne. Ensuite, visite du musée d’Histoire militaire. Visite de l’opéra et de l’imposant centre commercial Pearl et présentation du projet « Katara », ville culturelle au bord de l’eau.

Lundi 14. Conférence et rencontre avec le secrétaire général du Comité olympique qatarien au centre Aspire sports, édifié dans le cadre de la Coupe du monde de football pour laquelle le Qatar s’apprête à investir 200 milliards de dollars.
Le soir, visite du souk. Très impressionnant avec toutes sortes d’oiseaux et d’animaux de compagnie en tout genre (chats, souris, faucons…). Ensuite, dîner avec Djamel Bouras qui nous a fait un retour sur ses mésaventures du « deux poids deux mesures français ». Si l’ascenseur social est en panne en France, la promotion des compétences est au Qatar une réalité. Ce constat est d’autant plus appréciable que l’identité arabe de nombreux jeunes Français issus de l’immigration est vécue ici comme un atout quand elle est malheureusement perçue comme une tare en France…

Mardi 15. Rencontre avec le Premier ministre au Diwan (palais royal), échanges sur l’apport des personnes issues de l’immigration en France ainsi que discussion autour de la création de la maison du Qatar à Paris. La couverture médiatique de notre voyage a été impressionnante : articles et photos avec le Premier ministre, analyses quotidiennes de notre venue par la presse et passage en boucle sur la chaîne nationale.
Déjeuner avec l’ambassadeur de France au Qatar et son équipe au complet.
Visite des locaux d’Al Jazeera (anglais et arabe), chaîne regardée par plus de 50 millions de foyers à travers le monde.
Le soir, nous avons l’honneur d’être cités dans le discours de M. l’Ambassadeur. Rencontre avec les membres du très select club affaires France-Qatar ainsi que des représentants des grandes sociétés françaises présentes au Qatar. Ce fut riche et très intéressant par rapport à l’objectif du voyage.

Mercredi 16. Déjeuner avec l’Émir au Diwan ainsi qu’avec le ministre du Commerce qui est également son gendre. En présence de son secrétaire général, échange sur la possibilité de créer un fond d’investissement et l’éventualité d’intégrer des personnes issues des quartiers populaires dans les entreprises françaises qui décrochent des contrats avec le Qatar.
Notre rencontre fut tellement appréciée que l’Émir a souhaité que l’on reporte notre retour pour avoir le temps de discuter en profondeur de ce projet. Et ce laps de temps supplémentaire servira aussi à rencontrer la famille royale dans le désert. Impressionnant ! Lorsque nous sommes sortis du palais, la route nous a été ouverte comme pour des chefs d’État !
Le soir, rencontre avec le président de la Chambre de commerce et son second, qui est aussi membre de la Chambre de commerce franco-arabe à Paris. Il faut davantage faire parler de cette institution qui n’est pas suffisamment visible.

Jeudi 17. Rendez-vous à la ferme de l’Émir avec son fils Sheikh Joan, qui a, par ailleurs, étudié à Saint-Cyr. Au programme, chasse avec les faucons du prince et balade dans le désert en dromadaire. Pour couronner le tout, nous sommes invités non pas où le prince reçoit ses amis mais bien dans l’intimité familiale.

Vendredi 18. Rencontre avec le responsable de la section « Maghreb et Moyen-Orient » de la chaîne Al Jazeera. Ensuite, escapade en 4 × 4 buggy et course de 4 × 4 sur les dunes ; partie de football avec de jeunes Qatariens sur le sable, face à la mer et à proximité de la frontière saoudienne. Cette journée, selon la garde de Sheikha Mozah, est la même que celle qui fut effectuée par Angelina Jolie lors de sa visite !

Samedi 19. Visite du centre équestre le plus huppé au monde (plus de 1 000 hectares avec des équipements de type jacuzzi, bassin de 30 m de profondeur, etc.) et présence des plus beaux et des plus chers chevaux au monde.
Rencontre culturelle et sportive avec la princesse Sheikha Al Mayassa (fille de Sheikha Mozah), qui est, par ailleurs, directrice du musée des Arts islamiques.

« Nous avons quitté la terre des fausses promesses permanentes pour celle des actions réelles »
Le Qatar est un pays qui a su allier tradition et modernité. Le pays est ouvert sur le monde, curieux et aux aguets. C’est dans ce cadre qu’il jette un regard sur les potentialités qui parcourent la planète et qu’il déploie, à l’image de la Silicon Valley, une stratégie volontariste d’attraction des ressources humaines pour être en mesure de préparer le monde de demain dans les meilleures dispositions.

Je pense qu’ils ont très bien compris les enjeux futurs ; et le fameux « gouverner, c’est prévoir ! » du général de Gaulle prend ici tout son sens.

Cette première expérience fut riche d’enseignements. Il est clair que l’attrait du Qatar pour de nombreux jeunes Français issus des quartiers populaires répond à une certaine frustration de ne pas trouver la place qui leur revient dans une société française, où ils subissent discriminations et préjugés.

Le Qatar, pays à la richesse insolente mais à la politique d’ouverture intelligente, peut jouer un rôle déterminant dans l’amélioration des conditions de vie de cette jeunesse en fournissant aides et débouchés économiques.

Enfin, notre séjour doit aussi être l’occasion d’alerter la France et ses élites du déficit de confiance de nombreux jeunes dans leur pays. Il est urgent de remédier à cette situation pour préserver la cohésion nationale et pour garder les nombreux potentiels qui bâtiront, grâce à leurs compétences et à leurs origines, la France de demain.

Marianne a l’impérieuse nécessité de s’adapter pour dépasser les tabous, préjugés et autre immobilisme. Cette révolution des mentalités est nécessaire, si la France veut garder son rang dans le concert des nations.

Mohammed HAKKOU conseiller municipal (sans étiquette) à Gonesse (Val-d’Oise, 95).
jeudi 1 décembre 2011

« La cantine aimez là ou quittez là ! »


Dans le Gonessien -journal municipal- du mois dernier un courrier sur la restauration dans nos écoles m’a interpellé. Il portait sur une demande de certains parents pour que la viande ne soit pas servie à leurs enfants.
Sans vouloir entrer dans la polémique, je tenais à apporter quelques précisions, nécessaires en ces périodes de diabolisation et de stigmatisation d’une frange de la population.
Il faut mettre un terme à ce climat délétère qui attise les tensions et mets à mal le vivre ensemble. Il ne faut pas que les sujets qui traitent de ce type de demandes ne deviennent un fond de commerce électoral. L’école à son lot de difficultés à gérer. A défaut d’apporter des solutions, gardons nous de considérer certaines demandes comme étant le mal et le danger par excellence, afin d’éviter ce clivage dans la communauté scolaire.
En effet, les services de restauration scolaire imposent depuis la rentrée de la viande à tous les enfants. Pourtant, selon les nutritionnistes, nous ne sommes pas obligés de manger de la viande tous les jours et de nombreux aliments peuvent se substituer à celle-ci. Et dans ce cas, le principe républicain de laïcité et de neutralité n’est pas mis en danger !
Je suis très surpris par ce rappel du principe de laïcité, alors même que cette demande n’en contrarie en rien son l’application. En effet, je suis convaincu qu’en proposant des repas sans viande dans nos cantines scolaires nous ne ferons que diversifier la gamme des plats proposés, contribuant ainsi, à satisfaire un plus grand nombre d’écoliers. Il apparaît donc clairement que la laïcité ne s’oppose pas à ce que les services de cantine scolaire proposent des menus, même confessionnels. Cette faculté d’adapter les menus est laissée à la libre appréciation des communes, en charge de la restauration scolaire. La laïcité, loin de constituer alors un obstacle à la liberté religieuse, est en réalité son meilleur soutien puisqu’en imposant la neutralité de l’Etat envers toutes les confessions et l’égalité de traitement de toutes les croyances, elle garantit le libre exercice de la religion. Pour autant, en l’espèce, ayant échangé avec des parents, ceux-ci m’ont confirmé qu’ils ne réclament pas de menus confessionnels ou autres menus de substitution mais seulement le respect de leur volonté de ne pas servir de viande à leurs enfants.
Aussi, je tenais à faire part de mon étonnement sur le fait que l’on puisse inviter les parents à ne pas inscrire leurs enfants à la cantine ! C’est une phrase qui me rappelle un autre sujet mais somme toute très lié « la cantine aimez là ou quittez là ! » A bon entendeur…
Je ne pense pas que cette demande contrevienne au respect du principe de laïcité puisqu’il ne s’agit pas d’une réclamation tendant à la mise en place de menus confessionnels, ni ne mette en péril l’ordre public au sein des établissements concernés.
L’école est encore un des seuls lieux qui garantisse la dignité et les droits. N’en faisons pas un sanctuaire rigoriste. Il faut mettre en place un dispositif éducatif pour former les générations futures à la fraternité, à l’humanisme et à l’universalisme du genre humain. Jaurès disait « qu’il fallait ranger la question religieuse pour s’occuper de la question sociale » s’attaquant aux symptômes et non pas à la racine du mal, nous devons accompagner les habitants de nos quartiers et donner de la visibilité à leurs revendications ; c’est ce que nous nous efforçons de faire lors des assemblées de quartiers.
Inscription sur les listes électorales !
Pour ceux qui ne sont pas encore inscrits sur les listes électorales, vous avez jusqu’au 31 décembre pour le faire ! "Si tu ne participes pas à la lutte, tu participes à la défaite". Voter, c’est devenir citoyen à part entière, acteurs de la société dans laquelle nous vivons ! N’oubliez pas que la citoyenneté est mise à mal dans certaine région du monde, voter est un droit alors utiliser ce droit ! Ne laissez pas les autres décider à votre place, cela évitera toute forme de regret. Aujourd’hui beaucoup d’entre vous sont désabusés par les politiciens, la seule réponse donnée est l’abstention à défaut de se retrouver dans des promesses bien souvent non tenues. Cependant une brèche a été ouverte par l’extrême droite qui profite de cette situation, poussée par le parti au pouvoir qui faute de clarté politique, laisse place à la confusion et abandonne pour ainsi dire « le terrain ».