vendredi 25 novembre 2011

Economie Qatar

Ils vont vendre la banlieue au Qatar

Dix élus issus de la diversité et de tous bords politiques sont invités par le riche émirat à découvrir ce pays en pleine expansion, vu comme un nouvel eldorado par les jeunes des cités.

ÉRIC BUREAU | Publié le 12.11.2011, 07h00
AUBERVILLIERS, JEUDI SOIR. A l’issue de leur réunion avec une vingtaine de chefs d’entreprise, les élus (de gauche à droite) Mohammed Hakkou, avec la cravate noire (sans étiquette), de Gonesse (95), Fouad Sari (Verts), de Vigneux (91), et Faten Hidri, conseillère régionale IDF (Parti radical), récupèrent les cartes de visite qu’ils vont remettre à leurs interlocuteurs au Qatar.
AUBERVILLIERS, JEUDI SOIR. A l’issue de leur réunion avec une vingtaine de chefs d’entreprise, les élus (de gauche à droite) Mohammed Hakkou, avec la cravate noire (sans étiquette), de Gonesse (95), Fouad Sari (Verts), de Vigneux (91), et Faten Hidri, conseillère régionale IDF (Parti radical), récupèrent les cartes de visite qu’ils vont remettre à leurs interlocuteurs au Qatar. | (LP/E.B.)
Ils sont élus à La Courneuve, Vigneux-sur-Seine (Essonne), Gonesse (Val-d’Oise), Roubaix (Nord), Marseille (Bouches-du-Rhône) de toutes tendances politiques et ont tous moins de 40 ans… A l’invitation du Qatar, dix membres de l’Association nationale des...
dimanche 20 novembre 2011

Des élus locaux reçus comme des chefs d'états

Des élus locaux reçus comme des chefs d’Etat

DOHA (QATAR)

Eric Bureau | Publié le 20.11.2011, 07h00
DOHA (QATAR), MERCREDI. Geste exceptionnel, l’émir a chaleureusement reçu les élus locaux dans son palais.

DOHA (QATAR), MERCREDI. Geste exceptionnel, l’émir a chaleureusement reçu les élus locaux dans son palais. | (LP/ÉRIC BUREAU.)

Zoom
De La Courneuve à Doha. De l’une des villes les plus pauvres de France à l’une des plus riches de la planète. Lorsqu’ils décollent, le 12 novembre, Kamel Hamza, élu UMP d’opposition de cette ville de Seine-Saint-Denis, et les huit représentants de l’Association nationale des élus locaux de la diversité (Aneld) s’attendent à être surpris en atterrissant au Qatar. Ils sont encore loin du compte.
Dès leur arrivée, les autorités leur déroulent le tapis rouge. Dans une capitale en plein chantier, où immeubles de verre, hôtels fastueux et voies rapides poussent comme des champignons, des guides leur font visiter les réalisations les plus prestigieuses, comme The Pearl, une marina ultraluxueuse où les plus grandes marques françaises, de Hermès à Dalloyau, sont implantées. Le président de l’Aneld est interviewé par la chaîne Al-Jazira, dont le siège est à Doha. « Vous êtes regardé par 50 millions de foyers dans le monde », lui signale un journaliste.
Lundi, les Français profitent d’un congrès mondial au complexe sportif high-tech Aspire pour rencontrer l’ultracourtisé secrétaire général du comité olympique qatarien, chargé d’organiser le mondial de football 2022. Puis ils voient le Français qui dirige la partie médicale de la clinique sportive Aspetar, le docteur Hakim Chalabi, ancien médecin du et du . Ils se lient d’amitié avec le champion olympique de judo Djamel Bouras, conseiller sportif depuis un an à Doha. « Ce seront de précieux relais », se réjouit Assia Meddah, élue villepiniste à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne).
Au palais Diwan, équivalent de l’Elysée, ils sont reçus par le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, à qui ils présentent leurs projets. A commencer par la création d’un fonds d’investissement qatarien pour soutenir les jeunes entrepreneurs de banlieue. Ils souhaitent aussi un coup de pouce pour les embaucher dans les entreprises qatariennes. Le Premier ministre leur annonce la création d’une maison du Qatar à Paris.
Geste aussi exceptionnel qu’inattendu, l’émir les reçoit dix minutes le lendemain, aux aurores. Pris par la visite du président algérien et du président du Conseil national de transition libyen, il leur propose de revenir déjeuner au palais. A midi, le modeste minibus de la délégation se gare entre les Bentley et Maserati blindées de la famille royale. Après la fouille des sacs, les jeunes élus traversent sous le regard des hommes armés de la garde de l’émir l’impressionnant hall du palais.
« J’aime la France. Paris et Rome sont les deux capitales qui comptent pour moi », confie l’émir. Autour de la table, immense, la conversation s’engage tour à tour en arabe, en français et en anglais. « Vos idées sont bonnes, tranche l’émir. Je suis prêt à contribuer dans les quartiers populaires français. Nous pouvons aussi intégrer des jeunes dans les entreprises que nous gérons, nous allons d’ailleurs prendre beaucoup de parts dans des sociétés françaises. Je vais demander à notre ambassadeur à Paris d’y travailler avec vous, mais je vous demande d’avoir des projets très sérieux, intéressants pour le Qatar et loin de toute corruption. Notre réputation internationale est en jeu. »
L’émir leur propose aussi d’être des relais pour trouver des régions où implanter des écoles d’apprentissage de l’arabe gratuit. « Nous avons déjà fait cela en Amérique latine et aux Etats-Unis. La langue doit être un pont entre tous les arabes. C’est l’esprit dans lequel j’ai créé la chaîne Al-Jazira. »
L’ambiance du repas est chaleureuse. « Ils sont reçus comme des chefs d’Etat », commente un proche de l’émir. L’émir découpe et sert la viande lui-même, une tradition bédouine. Nasser Djafar, adjoint chevénementise à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), n’en revient pas : « Votre simplicité fait votre grandeur », dit-il à son hôte. La discussion dure plus de deux heures. Les élus lui remettent la médaille de la République française qu’ils ont fait graver, la séance photo s’éternise. L’émir les invite à prolonger leur séjour pour rencontrer ses enfants, et notamment sa fille, responsable des musées et de l’Institut du film qatariens. « Elle parle français », précise-t-il.
Le Parisien